Cathy Crowe : Le sac à dos de l’infirmière de la rue
Renseignements réunis par :
Whitnie Irving et Kimberly Galazka
Étudiantes au baccalauréat en soins infirmiers du Humber College – Université du Nouveau-Brunswick
Automne 2004
Préambule
Le travail d’une infirmière ou un
infirmier de la rue est, pour dire le moins, bien particulier. L’expression
« infirmière de la rue », dérivée de l’anglais street nurse, a été
inventée il y a plus d’une quinzaine d’années par un sans-abri au coin des rues
Sherbourne et Dundas dans le centre-ville de Toronto. Une infirmière de la rue
est essentiellement une infirmière en santé communautaire qui travaille pour une
organisation comme infirmière en santé mentale, infirmière praticienne ou
infirmière itinérante. Les infirmières de la rue dispensent des soins aux
membres les plus vulnérables de notre société – qui n’ont qu’un accès limité ou
aucun accès aux soins de santé et qui vivent dans la pauvreté et sans logement
adéquat. L’infirmière se sert d’un sac à dos pour transporter tout le matériel
nécessaire à son travail dans la rue. Le lieu de travail de l’infirmière de la
rue est différent de celui des autres infirmières puisqu’elle travaille auprès
des gens qui vivent dans la rue ou y passe une bonne partie de leur temps : elle
effectue son travail directement dans la rue, dans les haltes-accueil de jour,
dans les maisons d’hébergement pour sans-abri, dans les maisons de chambres ou
dans des squats. L’infirmière de la rue cherche avant tout à gagner la confiance
des gens qu’elle aborde, à s’occuper de leurs problèmes de santé immédiats et à
les aider à accéder au système de soins de santé et à d’autres organismes de
services sociaux. L’infirmière de la rue effectue son travail dans la
perspective qu’un jour l’activité qu’elle exerce ne sera plus nécessaire. Un des
aspects importants du travail de l’infirmière de la rue consiste à aborder les
questions en amont, c’est-à-dire pour quelle raison ces personnes sont sans
abri, et de s’assurer que l’on commence à fournir aux
gens des logements adéquats et vraiment abordables.
Contenu du sac à dos
Barres énergétiques et produits nutritionnels :
Ø L’infirmière de la rue apporte avec elle des barres énergétiques et des boîtes de Ensure puisqu’il lui arrivera souvent de rencontrer des personnes affamées ou dénutries. Une boîte à denrées aide à établir la confiance; l’infirmière est alors en mesure d’offrir d’autres formes d’aide dont la personne a besoin. En été elle apporte plusieurs bouteilles d’eau et en hiver, plusieurs boîtes de jus.
Outils de diagnostic :
Ø Le sac à dos contient un thermomètre et des couvre-thermomètre pour prendre la température.
Ø Un stéthoscope et un brassard de tensiomètre sont des outils de diagnostic très importants pour une infirmière. Ces instruments lui permettent d’ausculter le rythme cardiaque et de vérifier la tension artérielle d’une personne. Un otoscope permet d’examiner les oreilles.
Ø Une lampe de poche est un accessoire essentiel pour l’infirmière de la rue et sert à différents usages. Elle lui permet par exemple de mieux voir à l’extérieur le soir ou dans un squat mal éclairé. Elle permet aussi à l’infirmière de procéder à l’examen d’une personne.
Soins des plaies et de la peau :
Ø Accessoires pour pansements : Des bandes stériles et non stériles ainsi que des bandages ordinaires, des tampons de gaze 2 po. x 2 po. et 4 po x 4 po., des pansements Telfa, Kling et Jelonet sont utilisés pour panser les plaies. Du sparadrap résistant à l’eau est utilisé pour fixer le pansement sur la plaie.
Ø On utilise des coton-tiges pour nettoyer les plaies et pour appliquer des onguents en les recueillant de tubes ou de récipients.
Ø Les stéristrips servent à assujettir la peau. Dans le cas d’une coupure où la plaie reste ouverte, les stéristrips la maintiennent fermée ce qui favorise la cicatrisation.
Ø On se sert d’eau stérile ou d’eau saline pour nettoyer les plaies. On se sert également de peroxyde d’hydrogène.
Ø Des linges stériles permettent de border la plaie pendant l’application du pansement, ce qui assure une certaine stérilité lorsque les soins sont dispensés dans la rue.
Ø L’infirmière se sert de piqués absorbant bleus, jetables, pour tenir la zone d’intervention aussi propre et sèche que possible.
Accessoires de premiers soins et autres articles médicaux :
Ø Les bandages de contention sont utilisés dans le cas des entorses de la cheville, du poignet ou du genou. Ils servent aussi à bander les jambes.
Ø Les écharpes sont des bandages de soutien pour le bras dans le cas de certaines blessures.
Ø La trousse de l’infirmière comprend une dégrafeuse pour lui permettre de retirer les agrafes lorsqu’une plaie est cicatrisée.
Ø Les abaisse-langue servent à divers usages. L’infirmière les utilise aussi pour recueillir une crème dans un bocal, pour examiner la gorge d’un patient et pour appliquer des crèmes.
Précautions universelles :
Ø Étant donné que l’infirmière n’a pas nécessairement de l’eau et du savon à portée de la main, elle dispose d’un désinfectant à mains. Le lavage des mains est la mesure la plus importante pour prévenir la propagation des maladies.
Ø L’infirmière porte des gants antiallergiques lors de tout contact avec une plaie ou un liquide organique afin de prévenir la transmission de maladies.
Ø Depuis l’apparition du SRAS…Il est important que l’infirmière de la rue dispose d’un masque N95 dans son sac à dos. Plusieurs infections sont transmises par voie respiratoire et le masque N95 est la seule façon d’éviter l’inhalation de bactéries infectieuses. Le port du masque permet à l’infirmière d’effectuer son travail tout en se protégeant des infections.
Ø L’infirmière de la rue doit également disposer d’une voie d’air. Ce dispositif est utilisé pour couvrir la bouche et le nez d’une personne qui reçoit une réanimation cardio-respiratoire (RCR). La voie d’air permet d’éviter que des liquides provenant de la bouche ou du nez du patient ne viennent en contact avec l’infirmière.
Besoins personnels :
Ø Tampons et serviettes hygiéniques, chaussettes, sous-vêtements, brosses à dents, savon, shampoing, crème pour les mains, baume pour les lèvres, désodorisant, coton-tiges, etc. sont tous des articles de première nécessité que nous prenons pour acquis. Comme les personnes qui vivent dans la rue n’ont pas accès à ces produits de base, l’infirmière de la rue en transporte des échantillons pour les distribuer. C’est une excellente façon d’établir des relations avec les gens de la rue. Il est important de répondre d’abord aux besoins les plus essentiels de ces personnes si l’on veut leur apporter tous les soins dont ils ont besoin.
Ø Des tampons d’alcool et des serviettes antiseptiques, en emballages individuels, sont pratiques pour nettoyer les mains et les petites lésions.
Accessoires de réduction des méfaits :
Ø L’infirmière de la rue transporte avec elle des condoms et de la gelée lubrifiante pour permettre aux personnes qui n’ont pas accès à ces produits de se livrer à des pratiques sexuelles sans danger. L’infirmière transporte aussi une trousse pour les fumeurs de crack qu’elle peut remettre, au besoin.
Ø Des aiguilles de 1 cc sont remises à des personnes pour prévenir la transmission de l’hépatite et du VIH/SIDA.
Médicaments :
L’infirmière de la rue transporte certains médicaments qui répondent aux besoins et problèmes de santé les plus courants chez les gens de la rue. Il ne s’agit pas nécessairement des marques les plus répandus – cela dépend des dons reçus ou des prix dans le commerce. En voici la liste :
· Tums pour les brûlements d’estomac
· Un inhaleur pour les atteintes respiratoires aiguës
· Décongestionnant pour le rhume
· Lipactin pour les boutons de fièvre
· Fucidin – un antibiotique topique que l’on applique pour ouvrir les lésions et les plaies
· Antibiotique antifongique pour le pied d’athlète et l’eczéma marginé
· Acétaminophène et ibuprofène pour le mal de tête et la douleur
· Vitamine C – Étant donné que de nombreux sans-abri ont un régime alimentaire pauvre en vitamines, ce supplément aide à prévenir le scorbut, l’anémie et toute autre maladie liée à la carence alimentaire.
· Multivitamines comme supplément diététique
· Pastilles Bradosol pour les maux de gorge
· Antiphlogistine Rub A535 pour les douleurs musculaires
· Tiger Balm (Baume du Tigre) pour douleurs musculaires, maux de tête et congestion
· Lotion calamine pour soulager la démangeaison
· Poudre pour pied d’athlète pour soigner ou prévenir le pied d’athlète
· Bactroban et Polysporin que l’on applique sur les plaies pour prévenir l’infection
· Oragel pour le mal de dent
Articles divers :
Ø La trousse de l’infirmière de la rue comprend des allumettes qui peuvent servir à divers usages, comme allumer des bougies ou allumer un feu.
Ø Un téléphone cellulaire est également essentiel à l’infirmière de la rue. Celui-ci lui permet d’appeler une ambulance, un refuge, des services alimentaires ou une camionnette de services aux gens de la rue.
Ø Le sac à dos de l’infirmière de la rue contient aussi des billets d’autobus et des jetons. Ceux-ci sont remis à des personnes pour leur permettre de se rendre à un refuge, à une clinique, à une soupe populaire, etc.
Information :
Ø Habituellement une carte d’affaires, des numéros de services d’urgence, des renseignements sur les refuges, de l’information sur les services de santé ambulants et sur la ligne téléphonique secours pour les itinérants.
Ø Cathy Crowe apporte des macarons « 1 % » pour les distribuer. Ces macarons font la promotion de la solution du 1 %. Cette solution en faveur de la crise des sans-abri préconise que tous les ordres de gouvernement consacrent 1 % de plus de leurs budgets au développement du logement abordable. Cet effort supplémentaire se traduirait par 2 milliards de dollars de nouveau financement pour le logement social.